Publié tous les week-ends/ Published every weekend


You can read English stories from En direct de l'intestin grêle on Straight from the Bowels.

Ne serait-il pas merveilleux si ces histoires étaient vraies? Malheureusement (ou heureusement) ce n'est pas le cas. Elles ne sont que le fruit de mon imagination fertile. Tous les personnages et les événements décrits sont fictifs et si vous croyez vous reconnaître ou reconnaître une de vos connaissances, ce n'était pas mon intention et ce n'est qu'une coïncidence. J'espère que ce blogue vous plaira. N'hésitez pas à en faire circuler le lien où vous vous promenez sur l'Internet et à laisser des commentaires ci-dessous. J'aime bien entendre parler de vous.

Geoffroy


2011-05-14

La prostate...



Quand j’étais jeune, la prostate ça n’existait pas. Du moins, personne n’en parlait.

Dans mes cours de biologie à l’école, j’ai appris que l’être humain était un amalgame d’entrailles, emballées dans un épiderme et soutenues par une charpente osseuse mue par une masse musculaire.

Mes professeurs m’ont parlé du cœur, des poumons, de l’œsophage, de l’estomac, de l’intestin grêle – bien entendu! –, du côlon, du foie, du cerveau, de la cervelle, de la rate et du pancréas, mais de prostate, point.

Par contre, on m’a beaucoup parlé d’un certain fruit provenant de certaines entrailles et qui, semble-t-il, aurait été béni.

Peut-être que ce fruit béni était une prostate? Non, c’est impossible. Mais allez savoir : avec les divinisés il ne faut s’étonner de rien.

La vérité est cependant toute autre. La prostate est une glande tapie sous la vessie. Elle fait patiemment le guet en sécrétant un liquide légèrement alcalin dans lequel se mouvront les vaillants spermatozoïdes prêts à accomplir leur devoir géniteur et qui les protégera lors de leur intrusion dans le milieu acide du vagin de la femme.

La figure du spermatozoïde est tragique. Il est condamné à anéantir ses frères plus faibles dans sa conquête d’un ovule qui la plupart du temps ne fera même pas acte de présence.

À chaque moment d’une journée, des bataillons entiers de ces braves soldats sont décimés dans l’exercice de leurs fonctions. Si je peux vous écrire ces lignes et si vous pouvez les lire, c’est parce qu’un de ces héros fratricides et paradoxaux, immunisé par le liquide vaguement caustique d’une prostate, a achevé sa mission avec succès.

La première fois que j’ai entendu parler de prostate, j’étais adolescent. Mon grand-père (celui qui n’avait que trois dents), pensant que sa prostate faisait des siennes, avait eu une frousse bleue après s’être soulagé dans la cuvette de la salle de bain dans laquelle ma grand-mère avait mis un de ces produits antiseptiques – justement bleu – pour désinfecter.
cuvette, toilette, antiseptique bleu, Sani-Flush
Si l'eau de la cuvette est de cette couleur, rassurez-vous, ce n'est pas votre prostate qui fait des siennes. C'est seulement la personne chargée de la cuvette qui a un souci d'hygiène.

C’est ainsi que j’ai su que la prostate provoquait le rire et la crainte.

Quand une prostate cesse de fonctionner, c’est la virilité de l’homme qui est en jeu. C’est son essence de procréateur qui est compromise. C’est la survie de l’espèce qui est en péril. Ce n’est plus de la crainte, c’est la terreur ultime; la peur de l’extinction, de l’annihilation.

Le rire est un de ces mécanismes utilisés pour tenter de désamorcer la crainte. C’est une espèce de fanfaronnade devant la menace, devant la fatalité.

Quand viendra le mois de novembre, messieurs, faites-vous pousser la moustache... pour rire.

Mais souvenez-vous qu’il s’agit d’un geste symbolique à propos de la petite masse de chair dans votre bas-ventre qui produit de l’ammoniaque sans laquelle nous n’existerions pas.
Movembre, c'est un mot-valise (pour « moustache » et « novembre »). Au mois de novembre, partout dans le monde, des hommes se font pousser la moustache, parfois au grand détriment de leur dulcinée, pour recueillir des fonds afin de sensibiliser la population aux maladies viriles, par exemple, celles de la prostate.


1 commentaire:

  1. C'est pas mal éducatif. Je ne savais pas comment la prostate fonctionnait. Et maintenant je sais la raison pour laquelle tu as une moustache. Aussi je l'ai trouvé pas mal écrit - avec beaucoup de phrases merveilleuses. Je préférerais que tout le blogue soit en français mais je comprends qu'il est nécessaire de satisfaire ton public anglais.

    L.

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